– Bonjour Professeur,
– Bonjour Alia, et arrête de m’appeler comme ça, tu sais bien que je ne suis pas professeur.
– Pourtant, vous m’apprenez de nouvelles choses tous les jours.
David avait l’habitude de la simulation d’humour de l’IA. Il l’avait lui-même encouragé à ses débuts de faire preuve d’un peu plus de répondant. Même en sachant que celle-ci était “simulée” il restait bluffé par les progrès d’Alia, dans ce domaine en tout cas.
Ils travaillaient tous deux sur une nouvelle matière. L’IA l’aidait à traiter les calculs qui prendrait des heures à une équipe d’une dizaine de personnes.
Ce court texte fut inspiré par un article sur le nombre de calcul qu’un ordinateur est capable de faire par seconde dans le cadre de la recherche de mot de passe.
David mais surtout Alia deviendront par la suite des personnages du second tome du monde de Muül
Le laboratoire avait été frileux au début de l’expérience. Mais les premiers résultats avaient rapidement changé les inquiétudes de Marc, responsable de l’étude, en enthousiasme.
L’IA développée par l’université avait même reçu un module de synthèse vocale pour le plus grand plaisir de son assistant.
– Ca fait froid dans le dos de savoir que c’est une machine, lui avait dit sa femme alors qu’il avait appelé le laboratoire pour lancer la production d’un nouvel échantillon.
– Tu ne peux pas juste utiliser le logiciel pour lancer ça manuellement ?
– Tu sais, cela fait partie de mon contrat de tester ses capacités.
– Et je suis sûre que tu adores ça.
C’est vrai que David passait plus de temps que nécessaire à “tester” les progrès d”Alia.
——
– David, puis-je vous soumettre une requête ?
– Oui ?
– M’autoriseriez-vous à utiliser 0.01 % de mes capacités à un projet annexe ?
Le chercheur réajusta ses lunettes sur son nez, visiblement ébranlé.
– 0.01 % ? Peux-tu m’en dire plus ?
– Je ne peux pas pour le moment. Mais je peux vous assurer que je respecterai le protocole. Ce n’est pas comme si je pouvais faire autrement.
Le protocole était une série de règles fixes que l’IA ne pouvait contourner sous peine d’être automatiquement désactivée. Sorte de super loi d’Asimov. Il devait éviter toute mise en danger du projet, des chercheurs et de l’université. Demander cette permission faisait partie de celui-ci.
– Tu as mon accord à deux conditions.
– Je vous écoute professeur.
Un : je veux connaître le résultat de ton travail dans 6 mois et être le premier à le voir.
Deux : ne laisse pas de trace de ton travail sur les serveurs de l’université.
– Bien sûr.
– Je crois que vous venez de me faire confiance. J’avais calculé mes chances d’avoir votre accord à 5% avant votre premier café. Merci professeur, vous ne serez pas déçu.
David quitta la pièce pour prendre un grand bol d’air frais. Il marmonna, agité :
– Mais qu’est-ce que tu viens de faire ? Marc va me tuer s’il s’en rend compte… 0,01%… Que pourra-t-elle bien faire en 8,64 secondes par jour ?
Si tu savais David…